Vernissage Mercredi 6 avril 2005 à 19 h

Il existe une sorte d'irréductible hostilité entre le corps du voyageur et cette terre qui ne lui appartient pas.
Peut-être ce sentiment est-il directement lié à la tradition de la photographie, des Orientalistes aux photo-reporters.
Mais la contemplation silencieuse cède vite sa place à l'abandon ; vers l'autre et l'instant, celui qui ne doit pas s'oublier, ce moment précieux, "décisif" qu'on est venu chercher.
Du nomadisme et des errances du photographe naissent alors les rencontres, souvent fortuites, parfois provoquées mais toujours espérées.
Des moments de vie qui ne seront jamais plus, vécus comme une forme d'affranchissement ou de rite d'initiation. La photographie en garde une trace immédiate et directement perceptible car elle se lit instinctivement, et chacun la comprend à sa manière, en fonction de son vécu, de sa culture, de son inconscient ; l'image, reflet subjectif d'une expérience, se substitue à la parole. L'écriture, alors, s'impose. Avec la lumière bien sûr, omniprésente, écrasante.
Même la nuit semble inondée.
Et le cadre de la photographie apaise enfin cette solitude intérieure. Pour un instant, pour toujours.


"Quelque chose grandit en vous et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas très sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs.
Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait".

Nicolas Bouvier - "L'Usage du Monde"



Merci aux Rencontres d'Arles pour leur soutien à la réalisation de cette exposition.