Loin de la démonstration, loin de l'enchaînement dépassé des seules prouesses techniques, c'est la force du message porté, la volonté de raconter une histoire, une rencontre, de parler de soi, de tous, avec, toujours, les sentiments en filigrane. Kader Attou ou l'humanité dansante."
Kader est né dans la banlieue de Lyon de parents immigrés d'Algérie. Après un parcours scolaire chaotique, il s'intéresse à l'art du cirque... et très vite prend goût à l'univers du spectacle. Grâce à sa capacité à s'ouvrir aux autres, il fait les bonnes rencontres au bon moment.
Raconter des histoires, provoquer des rencontres, faire naître des émotions. Sa danse est généreuse, cherchant à briser les barrières, à traverser les frontières. Une danse qui refuse l'étiquette "banlieue" et revendique le dialogue entre les danses hip hop et les autres formes de danse. Dialogue entre les cultures comme alternative à la guerre...
Kader travaille en voyageant et grâce à ses spectacles, il montre une "autre image" de la France à l'étranger. Du premier voyage à ZAGREB en 1993 au voyage à RAMALLAH en septembre 2004, les rencontres sont fortes.
En janvier 1996, c'est la création de KELKEMO, en hommage aux enfants réfugiés. Grâce à ce spectacle, la compagnie se met à voyager, à découvrir le monde et à expérimenter la dimension universelle de la danse.
Grâce à ses tournées à l'étranger, il approfondit la question du sens : l'énergie du hip hop, la part de révolte qu'il contient deviennent un outil pour aller à la rencontre de l'Autre. La question du métissage, la notion de citoyen du monde sont au centre de son travail.
A partir de 1999, il met son travail au service d'une recherche autour de ses origines algériennes. Ce sera tout d'abord la création de PRIÈRE POUR UN FOU, comme un cri devant les difficultés à comprendre ce qui se joue en Algérie et pour renouer le dialogue. Ce sera ensuite un long travail d'échange et de rencontres avec de jeunes danseurs hip hop d'Alger pour faire un travail en commun. Cela donnera naissance à la pièce DOUAR.
En 2000, il réussit à faire se rencontrer des danseurs hip hop et des danseurs classiques indiens. Il s'agit de la création de ANOKHA-LA DANSE DES DIEUX ET DES HOMMES. Ce spectacle fait naître "un sentiment de paix", ce qui le rend universel et intemporel.
La danse de Kader tire son originalité et sa nouveauté de la quête d'identité qui l'anime, une quête née de tous les déchirements, de tous les chocs, de toutes les contradictions qui la dynamisent et qu'elle exprime : l'assimilation et l'exclusion, le savant et le populaire, la modernité et la tradition, l'Europe et l'Afrique, l'Orient et l'Occident, la spontanéité et la rigueur.... Il fait partie de ceux qui donnent à la danse contemporaine un autre vocabulaire, un sens nouveau, une fonction nouvelle.
En 2008, Kader Attou est nommé Directeur du Centre Chorégraphique National de La Rochelle, devenant ainsi le premier chorégraphe hip hop nommé à la tête d'une telle institution.
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