L'ethnographie occidentale s'est beaucoup intéressée, à l'époque coloniale, aux pratiques magiques africaines. La part proprement africaine de ce continent colonisé ne résidait-elle pas dans ce vieux fonds prélogique investi par des forces magiques ? Les romanciers africains n'ont pas eu le choix : il leur a fallu affronter ce terrain miné. L'alternative semblait simple : soit l'Afrique plongeait dans la modernité et disqualifiait les gesticulations de ses charlatans, soit elle faisait de ses féticheurs les dépositaires d'un véritable savoir africain sur le réel, un savoir à la fois mystérieux et efficace (...)