Cuivres généreux, mélodies enchanteresses, rythmique de feu, guitares alanguies… Dans les ambiances survoltées de "La Bonanza", une discothèque de Rotterdam fréquentée par le public local et la communauté capverdienne de Hollande, la musique de l'archipel atlantique explose dans les détours enjoués d'un répertoire haut en couleurs, où les airs chatoyants d'une coladera se joignent à un standard des Beatles ou au tempo saccadé d'une patchanga.
Au milieu des années 60, le Voz de Cabo Verde, formation de musiciens capverdiens basés aux Pays-Bas, anime les froides soirées de la grande ville portuaire de la Mer du Nord. Entre 1966 et 1970, ils vont sillonner les scènes européennes et africaines pour faire découvrir la musique du Cap-Vert: ce petit pays livré à la sécheresse, à la famine et à l'émigration, terre océanique aride pour les hommes, mais source d'inspiration infinie pour les poètes et les musiciens.
Plus de 30 ans se sont écoulés. En ce début de 21ème siècle, les anciens compères célèbrent leurs retrouvailles et leur retour sur la scène internationale avec la parution d'un album au feeling immuable. Il ne faut pas oublier que c'est le Voz de Cabo Verde qui a préparé le terrain pour nous faire découvrir cette musique capverdienne, dont l'énergie festive et le sentiment de langueur et d'abandon font le bonheur des mélomanes trois décennies plus tard. Sans l'irruption de ces précurseurs doués d'un savoir faire musical éprouvé, on ne parlerait peut-être pas de la même façon aujourd'hui des Bana, Cesaria Evora, ou autre Tito Paris dans l'univers des musiques du monde.