Le musicien sénégalais Wasis Diop est l'un des chanteurs les plus raffinés de la scène africaine, mais la grande majorité de sa carrière se déroule aujourd'hui sur grand écran. Il signe la bande-originale de GrisGris, le nouveau film du Tchadien Mahamat Saleh-Haroun, sur les écrans cet été. Mais il semble également être le porte-bonheur de la plupart des cinéastes africains. Rencontre avec un exilé de la scène, réfugié dans les salles obscures...


Quel est votre plus ancien souvenir de cinéma et avez-vous été saisi par la musique de ce film?

Wasis Diop : En réalité, je ne faisais pas attention à la musique du films car je pensais que c'était une partie inhérente. je n'arrivais pas à la juger. Pour ne rien te cacher, je ne me souviens pas du nom de ce premier film, qui était en noir et blanc. Dans la séquence qui m'a le plus marquée, les gens avaient mangé du piment. Je ne pensais pas qu'en dehors de nous, les Africains, les gens pouvaient avoir un problème de piment. Voir des blancs outrés par ce qu'il venaient de manger et le manifester avec tant de gestes et de grimaces m'a complétement marqué.

Quel a été votre première bande-originale ?

Wasis Diop : En réalité (et c'est curieux), la première bande-originale que j'ai faite, c'est au sein du groupe d'Afro Jazz West African Cosmos (avec Loy Erhlich et Umban Ukset). En 74, William Klein, qui revenait de Kinshasa où il avait filmé en noir et blanc le combat de boxe entre Mohamed Ali et Georges Foreman, nous a demandé de faire une chanson basée sur ce que criait le public pour encourager Mohamed Ali, " Ali Boma yé" (Ali, tues-le), qui s'est retrouvée au générique de fin du film de Klein. C'est la première fois que j'ai été confronté à une musique de cinéma.


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