La sud-africaine Robyn Orlin offre un spectacle jubilatoire, affranchi de tout cloisonnement disciplinaire. Vidéo, danse, chants, installations plastiques se mêlent à cet art de "tsotsie" que la chorégraphe revendique, qui s'inspire de la figure du gangster produite par la culture des townships, pillant et trafiquant sans limites dans un sens radical de survie. Continuer à exister
artistiquement et financièrement en Afrique du Sud exige les mêmes prises de risques. Et le regard de cette artiste iconoclaste affirme cette liberté identique de choisir et de parier sur les propositions variées et insolites des performers.
Ses spectacles sont nourris par ses objets de révoltes : le racisme,
l'impérialisme occidental, les stéréotypes "identitaires", les ravages
du sida en Afrique.
We must eat our suckers… aborde ce dernier thème à partir des
improvisations des danseurs, de leurs confidences. Provocants et drôles, les interprètes brisent la frontière entre la scène et la salle en jouant malicieusement avec le public tandis que les mélodies chantées a capella dans une dizaine de langues parlées en Afrique du Sud font vibrer de pureté.
La rage de vivre qui se dégage de cette énergie sincère laisse un goût acidulé d'optimisme dans la bouche.
à 20h00 salle André Malraux