À la Nouvelle-Orléans, un quartier dévasté par Katrina se mobilise pour sauver sa paroisse, érigée en symbole des oubliés de l'Amérique. Peter Entell tient la chronique inspirée de ce combat collectif porté par la foi, la colère et la musique.
Le quartier populaire de Treme, à la Nouvelle-Orléans, six mois après le passage de l'ouragan Katrina. La majorité des habitants ont perdu sinon un proche, leur maison ou leur travail. Et l'abandon des autorités qui, en août 2005, ont failli à organiser l'évacuation de la population puis à lui porter secours plusieurs jours après la catastrophe, a laissé dans les consciences un profond sentiment de révolte. Le père Jerome LeDoux, curé de l'église catholique de Saint-Augustin, n'a en revanche pas compté sa peine pour aider ses paroissiens en détresse, insufflant l'espoir au sein de la communauté dévastée. Aussi, quand l'archevêché décide abruptement de muter le prêtre et de fermer la paroisse, devenue déficitaire en raison du grand nombre de fidèles partis ou disparus, le quartier est abasourdi. Il refuse de perdre celui qui a su réunir dans son église des gens de toutes couleurs et de toutes confessions, sans jamais oublier ses racines africaines. Et puis, c'est à Saint-Augustin que pour la première fois, au XIXe siècle, des esclaves, des Africains affranchis et des Blancs ont loué Dieu côte à côte. On dit aussi que le jazz y est né et, de fait, il habite toujours les lieux, pendant et après la messe. De pétition en occupation, et en musique toujours, les ouailles entrent en résistance, rejointes par des jeunes volontaires venus de tout le pays.